La Commission européenne a présenté un plan ambitieux en matière d’agriculture et de biodiversité qui permettrait d’améliorer le bien-être des animaux et la qualité des engrais. L’UE semble vouloir accélérer l’implémentation des nouvelles mesures malgré le contexte pandémique actuel. D’un autre côté, le phénomène de l’agriculture numérique gagne de l’ampleur. C’est le décryptage de Parlorama.eu.
27 actions clés pour une agriculture européenne plus durable
La Commission européenne a présenté mercredi dernier ses plans pour une politique agricole et de biodiversité de l’Union européenne plus respectueuse de l’environnement. Les nouveaux plans s’inscrivent dans le cadre de la politique européenne phare du « Green Deal » promise par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
La Commission, qui est l’organe exécutif de l’UE, a présenté une stratégie intitulée « De la ferme à la table », visant à réduire l’utilisation des pesticides et des antibiotiques et à améliorer la qualité des engrais utilisés par les agriculteurs. Le bien-être des animaux devrait également faire l’objet de nouvelles mesures, tandis que le secteur de la pêche devrait voir apparaître de nouvelles restrictions, notamment au sujet de la trêve biologique.
La stratégie, composée de 27 actions clés, vise à « concilier nos systèmes alimentaires avec la santé de notre planète, à assurer la sécurité alimentaire et à répondre aux aspirations des Européens à une alimentation saine, équitable et respectueuse de l’environnement », a déclaré Stella Kyriakides, commissaire européenne chargée de la santé et de la sécurité alimentaire. Cette politique vise à réduire de 50 % l’utilisation des pesticides, à diminuer le gaspillage alimentaire et à protéger les animaux.
Le coronavirus risque de retarder l’implémentation des nouvelles mesures
La nouvelle politique agricole s’est heurtée à l’opposition du Parti populaire européen (PPE), formation de centre-droit la plus importante de la législature européenne, qui estime que le moment est mal choisi pour bousculer les agriculteurs européens. « Nous regrettons que la Commission européenne accélère sa stratégie alors que les agriculteurs de toute l’Europe sont confrontés à une grande insécurité quant à leur avenir », a déclaré le porte-parole du PPE pour l’agriculture, Herbert Dorfmann.
Ces nouvelles mesures ont été reléguées au second plan alors que le bloc est aux prises avec les effets de la pandémie de coronavirus. Les experts s’attendent à des niveaux de gaspillage alimentaire sans précédent cette année, car les exploitations agricoles ne disposent pas d’assez de travailleurs pour achever les récoltes. Mais les Verts se sont félicités de cette évolution, en demandant que cette politique soit pleinement intégrée dans la politique de l’UE. Le « Green Deal » européen vise à remanier l’économie de l’UE et à donner la priorité aux investissements verts d’ici à 2050.
L’agriculture numérique s’engouffre dans la brèche
L’agriculture numérique est appelée à connaître un véritable essor au lendemain de la crise COVID-19, étant donné sa capacité à aider le secteur agricole de l’UE à améliorer sa durabilité et à se remettre des conséquences de l’épidémie. Mais le rythme de ce changement et la préparation des agriculteurs suscitent de vives inquiétudes. La numérisation du secteur agroalimentaire est un thème majeur de la nouvelle politique alimentaire de l’UE, car la stratégie « De la ferme à la table » préconise que tous les acteurs de la chaîne alimentaire exploitent les solutions technologiques et numériques pour atteindre les objectifs de durabilité.
Cet objectif sera atteint grâce à la politique agricole commune (PAC) et au financement d’Horizon Europe pour soutenir la transformation numérique des exploitations agricoles et aider les agriculteurs à mieux utiliser les données afin d’améliorer leurs performances environnementales, mais aussi leur productivité et leur rentabilité. Dans le cadre de la stratégie de l’UE en matière de données, des plans pour un espace commun de données agricoles de l’UE ont également été présentés pour offrir aux agriculteurs des outils intuitifs afin de tirer profit des données collectées.
De même, la version préliminaire du plan de relance de l’UE comporte une section consacrée à la promotion de la numérisation de l’agriculture en tant qu’élément clé de la relance de l’UE après la crise du coronavirus, soulignant qu’elle offre une occasion de « lancer une révolution numérique dans l’agriculture ainsi que dans les zones rurales ».